les-Téméraires

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L'ESSENTIEL DU LIVRE

 

LES TEMERAIRES – une histoire neuve de la Résistance

Cités et maquis à Montceau-les-Mines avant mai 1944

 

Livre de Gérard Soufflet & Jérémy Beurier,

(édité par les auteurs, en coopération avec La Physiophile)

 

 

Les points essentiels

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Un long travail d’archives – Pendant près de 5 ans, les auteurs ont dépouillé une masse imposante d’archives publiques : Archives départementales de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, Service historique de la Défense, Archives de la justice militaire, Archives de l’ANGDM (caisse de retraite des mineurs)… Parmi cette masse de documents, ceux issus des archives de la gendarmerie, de la police (montcellienne ou dijonnaise) et de la justice ont un intérêt considérable ; recoupés avec d'autres sources et avec des récits recueillis auprès de témoins, de leur vivant ou dans les documents qu'ils ont laissés, on arrive souvent à approcher ainsi la vérité de ce qui fut.

 

Les origines de l'engagement résistant - La préface de Robert Chevrot, vice-président de la revue La Physiophile, insère cet engagement des années 40 dans une longue tradition régionale de révolte, enracinée dans le temps long de l’histoire. Les auteurs vont dans le même sens, en établissant un lien direct avec l’héritage encore vif de la Bande noire, aux origines du mouvement syndical des mineurs montcelliens.

 

Un livre centré sur la période fin 1942 à mai 1944 – C'est la période de la clandestinité où se construisent les organisations qui vont apparaître après le Débarquement du 6 juin 1944 et former les maquis de la Libération.  Reconstruction du parti communiste démantelé entre 1940 et 1942, apparition d’une résistance gaulliste issue de trois courants formés indépendamment, organisation de deux résistances polonaises concurrentes, activisme des jeunes des quartiers… Montceau est alors le siège d'une agitation de toutes origines, contre laquelle la police française ne sait où donner de la tête. Le livre décortique cette histoire et y détaille les étapes d'organisation des mouvements de résistance, en même temps que les enquêtes et actions des polices, françaises et allemandes,  pour les démanteler.

La période – et le livre – se conclut par les grandes vagues d’arrestations et de déportations de février 1944, dont les suites allaient se faire sentir jusqu'à mai 1944.

 

 

Les bandes de jeunes des quartiers

 

Le thème dépasse le cadre local, car on touche à une forme de résistance mal connue, qui exista en bien d’autres endroits.

A peine sortis de l’adolescence, avides d’actions, ceux dont il est question là, furent d’abord mobilisés par les communistes, puis pour certains attirés les gaullistes. Epris d’autonomie, par-delà les étiquettes, ils allaient bientôt mener des actions violentes hors de tout contrôle (hold-up audacieux, meurtres de personnage honnis : ingénieur de la mine particulièrement autoritaire,  policier leur menant la chasse). Poursuivis par les polices allemandes et françaises, ils allaient l’être aussi par les chefs de la Résistance, gaullistes comme communistes, qui ne réussissaient pas à les contrôler. Au printemps 1944 leur mouvement était annihilé et la mémoire n’allait pas garder trace de leur passage. Histoire éternelle en somme des révoltés, si ceux du bassin houiller de Montceau sont maintenant sortis de l’ombre, d’autres attendent encore de l’être, ailleurs.

 

 

Les policiers de Vichy

 

Marsac, une alliance contre-nature avec les gaullistes de Montceau  -  Lynché par la foule à Dijon, le 15 février 1945, Jacques Marsac était à la tête de la Section des Affaires Politique (SAP) de la police judiciaire régionale, et mena la  répression contre la Résistance dans toute la Bourgogne. Il intervint à Montceau dès 1942 puis au fil des affaires jusqu'en 1944. Le dossier d’instruction de son procès avorté, conservé aux AD21, montre que la défense qu’il préparait  reposait sur l’affirmation de sa lutte contre les seuls communistes, au profit d’un soutien à ce qu’il appelait "la vraie résistance gaulliste". Les auteurs des « Téméraires » ont mis en évidence que les arrestations à Montceau en février-mars 1944 devaient constituer un point crucial de sa défense, documenté par un grand nombre de témoignages de toutes origines. On y découvre une connivence, largement confirmée, avec le commandement gaulliste du bassin minier pour arrêter en février 1944 les jeunes issus de la résistance communiste, une réalité qui aurait été inaudible au lendemain de la guerre.

 

Les limiers de Marsac – Ses inspecteurs les plus actifs à Montceau font l’objet de notes biographiques et de portraits saisissants, les plus remarquables concernant 1/ un métis franco-chinois né à Montchanin, René Liou-Tchen-San, dit « le Chinois » dont le faciès énigmatique impressionnait particulièrement la population, et 2/ un personnage redouté et brutal, l’inspecteur Georges Bon qui avait inventé une torture moyenâgeuse, faisant monter ses victimes, pieds  nus,  sur le fer d'une bêche posée contre un mur..

 

 

Les mineurs

 

Assassinat du secrétaire du syndicat par les communistes / armée secrète au fond des puits animée par les gaullistes

 

Deux problématiques sont présentées ; celle des efforts du parti communiste pour renforcer son implantation dans cette profession, hautement stratégique alors à ses yeux ; on y comprend les dessous de l'assassinat, en juillet 1943, du secrétaire du syndicat des mineurs Marius Mathus  puis le rôle respectif de  la CGT clandestine et du syndicat légal ; le déroulement de la grève des mineurs d'octobre 1943 est rapporté avec cette approche, de façon moins manichéenne que d'ordinaire.

 

L'autre problématique traite de la forme de résistance adoptée majoritairement par cette catégorie professionnelle (les mineurs) ; un mouvement original s'y développa dans l'été 1943, à l'initiative d'ingénieurs gaullistes, qui mit en place une organisation des futurs maquis calquée sur l'organisation professionnelle des mineurs de fond. Appelé "MORB" (mouvement ouvrier de résistance des mines de Blanzy), ce dispositif prépara, de façon dormante, les futures unités qui sortirent de l'ombre, organisées et armées, au lendemain du débarquement. Inégalée en France, cette mobilisation reste ignorée des historiens du mouvement ouvrier.

 

 

Les inconnus

 

Le livre "les Téméraires" fait surgir de l'ombre une masse d'inconnus, certains simplement oubliés car ils ne furent que d'humbles combattants, mais d'autres plus injustement car ils furent effacés de l'histoire (morts en déportation, fusillés, assassinés).

 

 

Les déportés - De belles pages suivent sobrement le destin des déportés… (chap XIV)

 

 

Construction de la mémoire – Constatant avec amertume ce qui reste aujourd'hui de cette période, les auteurs abordent  les mécanismes qui aboutissent à imposer une version de l'histoire conforme aux besoins des dominants : travestissements, oublis, partiels ou systématiques pouvant conduire  à de vrais nettoyages mémoriels. (chap. XV).



18/10/2020
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