les-Téméraires

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Lucien Thibert dit "Henry", le Chalonnais chef du "Groupe Jean Damichel"

 

 

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Lucien THIBERT posant après guerre en souvenir du maquis

 

 

Alors qu'en septembre 1943 quelques jeunes « téméraires » Montcelliens forment le « Groupe Guy Môquet » au maquis FTP de la Charmée, un second groupe est organisé avec l’arrivée de nouveaux clandestins. Il prend le nom de « Groupe Jean Damichel » (voir livre Les Téméraires pages 115 à 117)

 

A la tête de cette nouvelle équipe, le commandement départemental FTP place Lucien Thibert, dit « Henry », jeune Chalonnais tout juste passé dans la clandestinité. Son père, Victor est Inspecteur de Police à Chalon. Certes « Henry » est un gamin d'à peine 20 ans comme la plupart de ceux avec lesquels on forme les premiers maquis... mais il est surtout déserteur de l'armée d'armistice ! En effet, en août 1942, il signe un engagement dans le semblant d'armée française que l'Allemagne consent à laisser à l'Etat Francais. « Henry » a soif d'aventure, il espère une revanche de la France… Sans doute, son choix d’entrée dans l’armée de l’air à la Base Aérienne d'Orange-Caritat et sa détermination pour servir au plus tôt en Afrique du Nord traduisent sa volonté de rejoindre les Forces Françaises Combattantes (quelques documents laissent entendre qu'il ait eu cette idée). Le 11 novembre 1942, l'Allemagne dissout l'armée française, « Henry » n'est pas encore en Afrique du Nord, il est mis en congé d'Armistice. En juin 1943 il est rappelé pour servir au Secrétariat Général de la Défense Aérienne à Vichy. Il déserte son poste au bout d'un mois et passe dans la clandestinité.

 

Quand il entre en contact avec l’Etat Major Départemental FTP, les chefs voient aussitôt l’atout qu’il représente : placé à la tête d’une équipe de jeunes, ce militaire formé à l’art de la guerre est une aubaine…

Aussi, dès son arrivée au maquis, il s’astreint à instruire son équipe au fonctionnement des armes. On lui adjoint l'aide d'un autre Chalonnais démobilisé de l'Armée d'Armistice Pierre Navoizat dit « La Botte ».

Initialement installé sur la commune de Saint-Cyr, l'équipe est assez mobile et se déplace à plusieurs reprises avant de s'implanter définitivement dans les bois de la Ferté. En liaison étroite avec leurs camarades de la Charmée, ils opèrent plusieurs réquisitions automobiles (celles de Robin à Sennecey-le-Grand et de Pellecuer à Chalon), de carburant et de denrées alimentaires. En outre, ils sabotent voies ferrées, pylônes et la grue permettant de relever les wagons sortis des rails suite aux attentats sur les voies ferrées.

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En embuscade!

 

 

 

Après l'attaque allemande du maquis de la Charmée le 27 décembre 1943 (voir livre Les Téméraires page 183 et suivantes) « Henry » et son groupe partent à la recherche des rescapés qu’ils parviennent à recueillir.

Si certains souhaitent suivre les nouvelles directives de l'Etat Major et partir s'installer en Bresse, d'autres, excédés par la perte de deux de leurs camarades durant l’attaque, veulent faire sécession… « Henry » est prêt à les suivre ! Il a d’ailleurs déjà noué des contacts avec des chefs de l'Armée Secrète de la région de Gergy /Verdun sur le Doubs.

 

La nouvelle équipe s'installe donc à Gergy pour quelques semaines. Lucien Thibert et ses comparses participent à quelques réquisitions dans la région, notamment au vol de tickets de rationnement à la mairie de Saint-Martin-en-Gâtinois et à la réquisition d'essence chez un « profiteur de guerre » à Gergy.

 

Fin janvier, le groupe souhaite se rapprocher de Montceau-les-Mines où beaucoup ont leurs attaches. « Henry » et quatre autres sont alors pris en charge par Henri Thévenet, chef du réseau Armada à Montceau. C'est dans la planque de ce dernier que Lucien Thibert est arrêté le 21 février 1944 !

 

Entre les mains de la Sipo-SD de Chalon-sur-Saône, il est torturé à plusieurs reprises. Interné à Chalon-sur-Saône, il est transféré à Dijon puis Compiègne avant d'être déporté à Neuengamme sous le matricule 31320. Transféré à Fallersleben-Laagberg puis à Wöbbelin devant l'avance des alliés, il y est libéré le 2 mai 1945 et rapatrié en France le 2 juin, après un mois de quarantaine.

 

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"Cadeau" de Noël de la firme Volkswagen aux déportés travaillant dans ses usines pour l'effort de guerre du Reich... Bien jolie paye pour des mois d'esclavage sous les coups des SS et des Kapos.

 

 

 

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Lucien THIBERT après guerre à la Base Aérienne 117

 

 

 

Notons que son père, Victor, Inspecteur de la Sûreté à Chalon-sur-Saône, ancien de 14/18, gazé par deux fois et blessé par balle à la cuisse, a lui aussi été arrêté par le Sipo-SD le 7 avril 1944. Incarcéré à Chalon puis Compiègne il est déporté à Dachau le 20 juin 1944 sous le matricule 72965. Il reviendra des camps pour mourir 3 ans plus tard des suites des mauvais traitements. Son état-civil porte la mention « Mort pour la France »

 

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Victor THIBERT, père de Lucien

 

 

Lien vers d'autres souvenirs de Lucien Thibert:

Les brassards de Lucien THIBERT



05/04/2021
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